LES COEURS A L'OMBRE
La nouvelle martèle son malheur à nos portes
Dans tous les fiers foyers les feux se sont éteints.
La peine se colporte en semant dans nos mains
Le grain noirci et rance d'un bien mauvais épeautre.
Tu viens de partir.
Et cette longue lame des mots qui nous glacent
N'est que le fourbe trait d'un malheureux apôtre.
Tu viens de partir.
Les repas s'interrompent comme le cristal se raye
Quel appétit saurait se poursuivre maintenant ?
Nous voici éveillés, dans la nuit à présent.
Quel repos espérer sans le moindre sommeil ?
Retour aux souvenirs.
Nos colères matelassées
Etouffent dans le silence
Ces chagrins impuissants
Qui ne ne cessent de crier
Que la vie nous ment.
Retour aux souvenirs.
Nos yeux sous l'ombre plongent
Dans la mémoire rougie
De lointains jardins, de jours de pluie
D'après-midi orange
De réveillons, de bougies...
Tu nous manques infiniment.
Chaque regret se joint à un autre
Et ces colliers de perles amères
Etranglent nos gorges encombrées
D'un temps perdu qui devient poussière
Tu nous manques infiniment.
Si depuis ton départ le soleil se retire
Sur nos cœurs ne reste qu'une ombre qui s'étire.
Au son des violons longs de nos muets sanglots
Chaque lèvre mordue frissonne sans repos.
Tu nous manques.
Comment le dire autrement...