Cariatide
Je compte ses vertèbres.
Elle s'érige : elle est ma colonne.
Sur son dos se tassent des équations sans inconnues
Je la sens, je la devine, je la connais : elle est nue.
Sa poitrine protège encore des craintes d'enfant
Jamais, en-dessous, son battement ne ment
Elle n'en dit rien, c'est son secret, son cortège,
Elle porte le poids des douleurs de son monde
Mais ne s'enfonce pas dans la neige.
C'est une danseuse, mon étoile, mon arpège.
Si je n'avais ses muscles
Et ses nœuds sous mes doigts,
Ses cœurs de résistance,
Qu'en saurais-je..?
Tous mes trésors lui sont ouverts
J'accepte qu'elle s'y plonge et s'en recouvre,
Huiles, encens, pierres et tissus lumineux,
Tous les bijoux lui vont, c'est un joyau,
Mon camée : une broche à mon corps fané.
Inébranlable dans ses humeurs,
Étouffant sa colère comme des vapeurs inutiles,
Elle a la constance des grandes reines,
Elle est mon salut, ma dame de chair, mon péché couronné.
Sa peau pour ma paix,
Je m'endors sur elle
Je m'oublie :
Elle est mon sabbat.