Boris VIAN, Trouble dans les andains, 1966, Ed. La Jeune Parque.

Publié le par Dantris

Autant dire que ce roman ne ressemble(ra) à aucun autre. Boris Vian a semble-t-il là laissé aller ces envies d'acriture le splus délirantes. On retrouve les jeux de mots et d'esprits dont l'auteur est friand mais le récit avance par soubresauts insensés, successions d'événements improbables, dialogues sans queue-ni-tête (quoique), à tel point qu'on abandonne volotiers tout effort de raisonnement : la lecture devient rêve éveillé, voyage sans garde-fou au pays des visiosn étranges.

"Sérafinio, vautré sur un divan, se tenait coi, tout en repoussant les avances d'une levrette de belle taille énervée par les relents de super-mâle qui s'exhalaient de tout ce corps d'homme."(...)
Lorsque le Comte eut achevé son récit, le Major expectora un mot, un seul, un commentaire, un résumé, le mot clé, enfin. Il dit :
-Bon.
Et s'arrêta.
Puis reprit:
-D'ailleurs, il est possible que je me trompe.
Il se leva alors et quitta la pièce. Il traversa le vestibule.
-Où sont les cabinets ? demanda-t-il à Dunoeud qui passait."  (p.58).

 

 

L'énigmatique Barbarin fourchu a été volé. Ce précieuse bizarrerie devient alors l'objet de convoitise de personnages plus fantasques les uns que les autres. La disparition de l'étrange engin entraîne le groupe de héros dans des pérégrinations souterraines qui ne manquent pas d'évoquer pour nous une introspection intestinale : des grottes, des eaux glauques, des végétaux aquatiques, des racines, sont les écueils franchis par les personnages en quête.

"Soudain, comme la lueur de la torche démasquait les bords irréguliers d'un trou, une forme blanchâtre palpita vaguement dans l'ombre et disparut à nouveau derrière le mur (...) Antioche, à tâtons, lança une autre grenade dans le trou. Un mugissement surnaturel retentit, et un jet liquide chaud vint inonder les quatre hommes qui reculèrent, horrifiés, car ils avaient reconnu l'odeur du sang chaud de crapaud." (p.96).

"La mer dansait, toute blanche...Les caillebotis glougloutaient...Le Major ouvrit la portière et descendit...A pas lents, il s'approcha de la falaise, et, d'un coup, lança le barbarin..Très loin..." (p.189).

 

Il y a de l'élégance, de la violence, de l'absurde, du poétqiue et de la brutalité : ce roman est un cocktail atypique dont la consommation ne laisse pas indifférent. Voici un livre que l'on termine vite ou que l'on jette dans l'instant : 

Publié dans Lectures 2010

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